Aller au contenu principal
vitrine

Les collections en 3D

Cliquez sur les photos pour découvrir la vidéo de la numérisation 3D des collections du musée.

Les objets

Les collections en 3D
objet du mois frise
Frise de bouquetins gravés de la grotte Richard

Grotte Richard
Les Eyzies de Tayac (Dordogne, France)
Magdalénien supérieur

On connaît le rôle déclencheur que joua la grotte des Eyzies, ou grotte Richard, tout près du Musée national de Préhistoire, dans le lancement de la Préhistoire et des grandes fouilles de la région. Très anciennement explorée, cette petite cavité bien visible à flanc de falaise a livré plus de soixante objets d’art datables de la fin du Magdalénien (V ou VI). Cette pièce, acquise par le musée en 1996, demeure un classique incontournable malgré son état de conservation moyen et la rusticité de sa restauration…

Le support en est une côte de grand herbivore. La plus belle face porte une frise de six bouquetins en profil gauche, le premier seulement esquissé par quelques traits. Au verso, deux chevaux complets en profil gauche animent un décor de traits subverticaux assez irréguliers qui pourraient suggérer la végétation.

La gravure est profonde, bien maîtrisée, malgré quelques rares reprises, notamment au niveau du signe barbelé séparant le bouquetins centraux. Très naturalistes, ces figurations peuvent être rapportées à l’espèce alpine, Capra ibex. Il s’agit sans doute des jeunes mâles en proie à l’agitation inquiète que l’on observe chez ces animaux au moment du rut. Le procédé de la frise est ici habituellement utilisé pour évoquer un troupeau de bouquetins que la précision du détail rend très réaliste.

Jean-Jacques CLEYET-MERLE, directeur, conservateur général du Patrimoine

Présenté au Musée national de Préhistoire dans l'exposition temporaire "Animaux rares, gibiers inattendus - Reflets de la Biodiversité", il réintègrera les collections permanentes dès le 12 novembre 2019.

 

Les collections en 3D
BOUQUETIN-EN-CHAMPLEVe-DE-SAINT-GERMAIN-LA-RIVIÈRE
BOUQUETIN EN CHAMPLEVÉ* DE SAINT-GERMAIN-LA-RIVIÈRE

Abri de Pille-Bourse, Saint-Germain-la-Rivière, Gironde
Magdalénien moyen, vers 16000 BP

Rendu célèbre par sa sépulture magdalénienne découverte en 1934, l’abri de Pille-Bourse a fait l’objet de fouilles qui ont précisé la nature de son remplissage : la totalité des dépôts doit être attribuée au Dryas ancien, les trois couches archéologiques s’échelonnant entre 16 200 ± 600 BP et 14 100 ± 160 BP.

Plusieurs objets d'art remarquables proviennent de la terrasse inférieure et sont bien calés entre 16 200 et 15 300 ± 400 BP. Le plus important est un fragment de bois de renne portant un animal incomplet en profil gauche dégagé en relief. Seul l'avant-train subsiste, encolure, poitrail et antérieurs permettant d'identifier un bouquetin. Les pattes sont protégées vers l'avant, simulant un galop animé qui semble s'enrouler autour du fût. La tête, triangulaire, en relief, montre un chanfrein rectiligne. Une corne unique et épaisse signe un mâle de belle taille. Les détails anatomiques, peu nombreux mais bien en place, complètent la figuration. Le pelage et l'oreille sont simplement évoqués. Le membre antérieur est profondément gravé, une incision parallèle suggérant l'autre patte en perspective. La technique employée, très proche du champlevé*, est rarissime dans l'art mobilier paléolithique.

Jean-Jacques CLEYET-MERLE, directeur, conservateur général du Patrimoine

*Technique consistant à gratter la paroi de la pièce autour du motif afin que celui-ci apparaisse en relief.

Présenté au Musée national de Préhistoire dans l'exposition temporaire "Animaux rares, gibiers inattendus - Reflets de la Biodiversité", il réintègrera les collections permanentes dès le 12 novembre 2019.

Les collections en 3D
Tortue en ronde bosse du Roc Saint-Cirq
Tortue en ronde bosse du Roc Saint-Cirq

Abri du Roc saint-Cirq (Dordogne,France)
Magdalénien moyen

Le petit abri effondré du Roc Saint-Cirq, à quelques kilomètres des Eyzies, a été fouillé en 1935-1936 par Kidder, qui explora une séquence stratigraphique de plusieurs niveaux de Magdalénien moyen sans harpon. Au-delà d’une industrie lamellaire* classique pour cette époque, le mobilier comporte une célèbre statuette en ronde bosse : le sujet choisi – une tortue – est en effet unique au Paléolithique supérieur. La représentation tire partie de la forme naturelle d’un nodule de calcaire détritique gréseux jaunâtre sculpté dont le contexte de découverte reste malheureusement inconnu. Malgré des dimensions réduites, de nombreux détails anatomiques ont été figurés par l’artiste. La tortue est représentée le cou tendu, la tête émergeant de la carapace. Le tracé de la bouche est figuré par une fine incision. La face ventrale est marquée de deux évidements en forme de croix qui n’ont pas de correspondance anatomique. Des sillons latéraux entourent la carapace, tendant peut-être à suggérer les pattes de l’animal, qui, par ailleurs, ne présente pas de plastron. La forme de la carapace, bombée et globalement rectangulaire, suggère une tortue terrestre plutôt qu’aquatique. A part un inédit à Marsoulas (Haute-Garonne) mentionné par Breuil, cette ronde-bosse constitue l’unique représentation de chélonien** connue dans l’art paléolithique.

*Désigne les ensembles lithiques composés essentiellement de lamelles. **Relatif aux tortues

Jean-Jacques CLEYET-MERLE, directeur et conservateur général du Patrimoine

Présenté au Musée national de Préhistoire dans l'exposition temporaire "Animaux rares, gibiers inattendus - Reflets de la Biodiversité", il réintègrera les collections permanentes dès le 12 novembre 2019.

 

Les collections en 3D
TROIS CHEVAUX ET UN OISEAU GRAVÉS SUR UN OS D'OISEAU D'ARANCOU
Trois chevaux et un oiseau (grue en vol ?) gravés sur un os d'oiseau d'Arancou

Grotte de Bourouilla (Arancou, Pyrénées Atlantique)
Magdalénien supérieur, vers 14 000 ans

Bourrouilla est une petite grotte située à la limite entre les grandes plaines aquitaines et la montagne pyrénéenne. Le gisement a été découvert en 1986, suite à une fouille clandestine. Il a été fouillé par C. Chauchat puis M. Dachary. Les occupations à l’intérieur de la cavité sont magdaléniennes et ont livré de la parure et de l’art mobilier en quantité importante.

Cet os gravé est un os d'oiseau. Les gravures occupent toute la surface de l'os, « en déroulé ». Deux têtes de chevaux opposées, inversées à 180°, l'une assez réaliste l’autre plus sommaire. En arrière d’une des deux têtes, un motif quadrangulaire pourrait correspondre à une troisième tête recoupée par la fracture de l'os. En tournant l'os de 180°, se trouve la gravure fine d'un oiseau dont le corps et le cou s'allongent dans le sens du support. Le plumage est évoqué. Les pattes ne sont pas indiquées. Parmi les oiseaux à long cou, bec plutôt court, et corps allongé, la grue est une possible candidate. L'oiseau serait figuré en position de vol.

D’après l’étude de C. Fritz et A. Roussot, l'ordre d'exécution des éléments graphiques sur l'os d'oiseau peut être établi pour trois animaux sur quatre : le museau indéterminé de l'extrême gauche est antérieur à la tête du cheval située au-devant. Il est certain que l'oiseau a été gravé après ce même cheval. La position chronologique du dernier cheval n’est pas établie

Les tracés présentent dans leur ensemble des bords irréguliers. De nombreux accidents sont lisibles : broutages, accrochages sur les bords, dérapages. Le graveur peut être qualifié de « moyennement expérimenté », il n'a pas su surmonter les difficultés techniques liées à la circonférence de l'os et donc la nécessité de maîtriser les inclinaisons sur ce type de support. De plus, la physionomie générale du dessin, tantôt schématique, tantôt confuse, vient soutenir ce jugement. Le graveur a utilisé la totalité de la surface osseuse. Bien que l'oiseau semble l'élément original, il n'est placé que dans un second temps. L'emplacement de l'animal était-il réservé ? Aucun vestige de trait ne permet de répondre à cette question.

Catherine Cretin, conservatrice du patrimoine, d'après Fritz Carole, Roussot Alain. L'art mobilier . In: Gallia préhistoire, tome 41, 1999. pp. 54-97

 

 

Les collections en 3D
BÂTON PERCÉ GRAVÉ D’UNE GRUE
Bâton percé gravé d’une grue

Abri de Laugerie-Basse (Les Eyzies, Dordogne)
Magdalénien, vers 15 000 BP

L’abri de Laugerie-Basse (Les Eyzies, Dordogne) est un gisement classique bien connu pour son rôle historique dans la reconnaissance de la Préhistoire. Découvert et fouillé dès 1863, cet abri et son voisin, l’abri des Marseilles, ont malheureusement été exploités trop tôt et dispersés en de multiples collections. En 1992, le Musée des Eyzies se porte acquéreur de ces collections, constituée par J.A. Le Bel et J. Maury à partir de 1912 et exposée sur place.

C’est lors de cette aquisition par le Musée national de Préhistoire que deux fragments sont rapprochés et réunis en un bâton percé presque complet, portant une représentation d’échassier (Cleyet-Merle et Madelaine 1995). Les représentations d’oiseaux sont très rares dans l’art préhistorique, leur identification au niveau de l’espèce l’est plus encore. Sur ce bâton percé, l’identification d’un grand échassier ne fait aucun doute. Les proportions générales de la silhouette, la mise en valeur du plumage de la queue évoquent plus précisément encore la grue cendrée (Grus grus), d’autant que cette espèce est signalée dans plusieurs sites paléolithiques.

Ce bâton percé présente également d’autres éléments décorés, qui n’avaient encore jamais été relevés. Ceux-ci se composent, d’une part, d’éléments surlignant la forme de l’objet (séries de stries obliques superposées le long du fût et contour de la perforation soulignés d’un trait et surmonté de trois petits groupes de gravures « en pinceaux » sur les deux faces du bâton), d’autre part de motifs probablement animaliers quoique beaucoup plus schématiques, également situés sur le fût. Il est tentant d’y reconnaître deux batraciens...

Cleyet-Merle J.-J., Madelaine S., 1995, A propos d’une représentation d’échassier de Laugerie-Basse (Les Eyzies de Tayac - Dordogne), PALÉO, 7, décembre 1995, pp. 255-258.

Relevé C. Cretin Les Eyzies, Musée national de Préhistoire MNP 1992-13-79

 

 

Les collections en 3D
propulseur_au_felin_de_la_madeleine
Propulseur dit « au félin » de la Madeleine

Abri de la Madeleine, Tursac, Dordogne.
Magdalénien supérieur, vers 14000BP

Au sein de la triade d’objets d’art insignes de La Madeleine, cette statuette en ronde bosse est en réalité un fragment d’élément décoratif de propulseur dont il subsiste encore le crochet. La pièce, découverte sous l’abri à proximité de la paroi rocheuse, était fortement dégradée : l’ivoire de mammouth dans laquelle elle avait été sculptée était sujet au délitage et affecté de nombreuses fentes ; elle gisait en de multiples fragments qu‘il fallut récupérer au tamisage. L’ensemble fut transféré au musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye et restauré par Benoît-Claude Champion.

Avec son museau court et épais, ses petites narines, son œil rond et son front bombé, l’animal représenté pourrait être une hyène et serait donc unique, car il n’existe aucune représentation indubitable de ce carnassier dans le domaine mobilier ou pariétal. Néanmoins, il est aussi possible que l’artiste ait souhaité figurer un félin dans l’attitude du guet, prêt à bondir, comme le suggère la position affaissée et très bien rendue de ses pattes. Une dernière hypothèse, moins séduisante que les deux autres parce que plus « classique » serait que cette ronde-bosse représente un jeune boviné, probablement un bison. L’objet était sans doute conçu pour être vu du profil gauche : le revers de la ronde-bosse est en effet beaucoup moins détaillé.

Jean-Jacques CLEYET-MERLE, directeur, conservateur général du Patrimoine Catherine CRETIN, conservatrice du Patrimoine

Dépôt du Musée d’Archéologie nationale Domaine National Saint-Germain-en-Laye MAN 60 362

 

Les collections en 3D
Bâton percé gravé d'un glouton de La Madeleine
Bâton percé gravé d'un glouton de La Madeleine

Abri de La Madeleine, Tursac, Dordogne.
Magdalénien supérieur, vers 14000BP

L’abri de La Madeleine (Tursac, Dordogne), gisement éponyme du Magdalénien, est célèbre pour ses découvertes d’art mobilier et son rôle dans la reconnaissance de la Préhistoire : on peut citer la découverte, en 1864, d’un mammouth gravé sur ivoire de mammouth, preuve de la coexistence de l’Homme et du Mammouth et témoin irréfutable des capacités artistiques des chasseurs-cueilleurs paléolithiques, la sculpture du « bison se léchant le flanc » ou bien encore la sépulture d’un enfant orné de dizaines d’éléments de parure issus des fouilles de D. Peyrony (1910-1913, 1926). Découvert par E. Lartet et H. Christy et fouillé dès 1863, cet abri a vu se succéder un très grand nombre de personnalités (P. Girod et E. Massénat, E. Rivière, D. Peyrony), le dernier étant J.-M. Bouvier (1968-1977). C’est au cours des fouilles Bouvier que fut découvert le bâton percé gravé d’un glouton. Le bâton est réalisé dans la perche droite d’un bois de chute de jeune renne, d’après son module réduit (diamètre compris entre 16 et 26 mm). Préparé par un raclage intense, le bâton comporte deux perforations, la première s’étant probablement cassée lors d’une utilisation qui, pour ces objets, reste énigmatique. La seconde perforation, moins large, a probablement été réalisée après la fracturation de la première et la figuration du glouton, car elle oblitère la queue. L’animal, tourné vers la gauche, est assez détaillé : l’œil, l’oreille, le naseau orné de vibrisses tendues vers l’avant sont indiqués. Le pelage est figuré par de nombreuses hachures sur tout le corps mais aussi les contours du cou, des membres et de la longue queue. Les pattes avant sont équipées de griffes. La morphologie de la tête, la largeur du museau, la queue épaisse et velue ainsi que les pattes robustes et courtes évoquent le plus gros (15-25 kg) des mustélidés, le glouton (Gulo gulo). Cet habitant de la toundra et de la taïga d’Eurasie et d’Amérique du Nord est attesté en France au Pléistocène supérieur, où il a rarement été exploité et, plus rarement encore, représenté (moins de 10 connus). Ses larges pattes lui facilitent ses déplacements sur la neige molle et lui permettent d’être un redoutable chasseur. Charognard de carcasses, il peut aussi s’attaquer à des proies d’une taille allant jusqu’au Renne, au Cerf, voire à l’Élan.

Catherine CRETIN, conservatrice du Patrimoine Les Eyzies, Musée national de Préhistoire (MNP 1996-9-13)

 

 

Les collections en 3D
Bâton aux mammouths affrontés de Laugerie-Haute
Bâton aux mammouths affrontés de Laugerie-Haute

Laugerie-Haute Est, Les Eyzies, Dordogne.
Niveau Gravettien final ("Protomagdalénien")

L’abri de Laugerie-Haute (Les Eyzies, Dordogne) est l’un des gisements de référence de la chronologie de la seconde moitié du Paléolithique supérieur. Il conserve en effet une succession de niveaux d’occupation humaine (en stratigraphie), il y a de cela 28 000 à 18 000 ans. Découvert en 1863 par E. Lartet et H. Christy, il a vu se succéder de nombreux fouilleurs dont O. Hauser (1907-1914), D. Peyrony (1932-1935), F. Bordes et P. E. L. Smith (1957-1959). Il a livré un très abondant outillage lithique et osseux ainsi que des objets d’art mobilier et des blocs gravés.

C’est dans la partie basse de la séquence stratigraphique qu’il est le premier à atteindre, plus précisément dans le second niveau ,que D. Peyrony découvre ce bâton percé orné de deux mammouths affrontés. Long de 15 cm, cassé à son extrémité, l’amorce de la perforation est perceptible à son extrémité gauche. La scène de combat semble ici assez explicite. Les deux mammouths, l’un (celui de droite) en léger relief, l’autre (à gauche) vigoureusement gravé, sont enroulés autour du bâton. Il n’est jamais possible de les percevoir en totalité. Ils sont associés à un arrière-train de bison, inversé, localisé au niveau de la perforation.

Catherine CRETIN, conservatrice du Patrimoine 

Les Eyzies, Musée national de Préhistoire MNP 1938 2-1-104

 

Les collections en 3D
BÂTON PERFORÉ ET GRAVÉ DE TROIS TÊTES DE BOVINÉS
Bâton perforé et gravé de trois têtes de bovinés

Abri de La Madeleine, Tursac, Dordogne.
Magdalénien supérieur, vers - 14 000 BP

L’abri de La Madeleine (Tursac, Dordogne), gisement éponyme du Magdalénien, est célèbre pour ses découvertes d’art mobilier et son rôle dans la reconnaissance de la Préhistoire : on peut citer la découverte, en 1864, d’un mammouth gravé sur ivoire de mammouth (preuve de la coexistence de l’Homme avec ce proboscidien et témoin irréfutable des capacités artistiques des chasseurs-cueilleurs paléolithiques), la sculpture du « bison se léchant le flanc » ou bien encore la sépulture d’un enfant orné de dizaines d’éléments de parure issus des fouilles de D. Peyrony (1910-1913, 1926).

Découvert en 1863 par E. Lartet et H. Christy, cet abri a vu se succéder un très grand nombre de personnalités (P. Girod et E. Massénat, E. Rivière, D. Peyrony), le dernier étant J.-M. Bouvier (1968-1977).

Ce bâton percé provient des fouilles de D. Peyrony et a été trouvé dans un niveau magdalénien à harpon. Deux perforations se trouvent à son extrémité gauche, l’une cassée, l’autre entière. L’extrémité opposée est arrondie, en boule. Le bâton percé présente deux têtes de bison sur une face et un enchevêtrement de têtes gravées difficile à lire et identifier (bison ? cervidé ?) sur l’autre face. Les petits côtés sont agrémentés de lignes quadrillées (deux sur un côté, trois sur l’autre) profondément gravées.

Les deux têtes de bison sont exceptionnelles par la quantité de détails anatomiques propres au bison, aucun n’ayant été omis, et par leur réalisation graphique extrêmement soignée : le traitement du pelage (toupet entre les cornes, pelage court du cimier nasal, du mufle et du menton puis barbe plus longue dans le cou) comme celui de la bouche, du naseau, des lèvres, de l’œil et de son contour, de la corne et de l’oreille poilue sont tous détaillés avec soin. Seule différence, la langue du deuxième bison est sortie.

Mais le graveur a prolongé ces détails réalistes par un ensemble de chevrons emboîtés qui couvre les joues des deux animaux. Ces motifs géométriques sont réalisés avec tout autant de soins que les détails anatomiques. Deux lignes de chevrons sont présentes sur la face du « bison se léchant le flanc », mais de façon plus anecdotique et discrète. Sur ce bâton percé, il y a un syncrétisme entre le réel et le symbole, comme si l’artiste magdalénien se jouait de nos catégories d’art figuratif et art abstrait...

Catherine CRETIN, conservatrice du Patrimoine

Dépôt du Musée d’Archéologie nationale Domaine de Saint-Germain-en-Laye MAN 60 338 

 

 

Les collections en 3D
Baguette gravée du Peyrat
Baguette gravée du Peyrat

Gisement du Peyrat, Saint-Rabier Dordogne.
Magdalénien final, vers -12 000 ans

Le gisement du Peyrat, à Saint-Rabier (Dordogne), a été fouillé par André Cheynier entre 1958 et 1967. Il y a mis au jour une stratigraphie allant du Magdalénien moyen (- 16 000 ans) à l’Epipaléolithique (- 12 000 ans). La baguette, associée à des outils magdaléniens et aziliens, est exceptionnelle par sa qualité d’exécution et l’une de ses figurations, l’antilope saïga.

Réalisée dans l’épaisseur d’un os long, elle présente une face plane et une face bombée et ses deux extrémités portent des cassures en flexion. Le support a été très soigneusement préparé. Sur la face plane, on distingue le corps d’un cheval à la crinière bien détaillée. Il précède un autre cheval probable, limité à une croupe. Tous deux sont dotés d’une bande dorsale hachurée. Sur l’autre face, bombée, deux animaux sont figurés : un animal indéterminé, dont la hanche en saillie évoque les bovidés, précède un animal au museau bombé et doté d’une corne rectiligne : une antilope saïga.

C’est cette antilope, unique représentante de sa famille en Europe, qui retient le plus l’attention. Cet animal subsiste encore de nos jours dans les steppes arides et semi-arides du Kazakhstan et de Mongolie, en troupeaux de 10 à 40 têtes. Son aire de répartition actuelle se réduit considérablement en raison du braconnage et d’une crise épizootique : elle est maintenant en danger d’extinction, en particulier en Mongolie. En dehors des cornes annelées et rectilignes du mâle et de ses pattes graciles, sa caractéristique principale est l’aspect massif de sa tête, accentué par un museau formant une courte trompe qui sert à réchauffer et à filtrer l’air. Au cours des deux derniers maximums glaciaires, deux migrations importantes l’ont amenée jusqu’en Europe de l’Ouest, il y a environ - 150 000 ans et entre – 25 000 et - 15 000 ans. Les représentations de saïga au Paléolithique supérieur sont rares mais attestées, tant en art pariétal (Combarelles II, Rouffignac) qu’en art mobilier (La Vache, Enlène, Gourdan, Bize, La Souquette, Laugerie-Basse, etc.).

Catherine CRETIN, conservatrice du Patrimoine

Dépôt du Musée d’Archéologie nationale Domaine de Saint-Germain-en-Laye MAN 83 047