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L'objet du mois

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Les objets

L'objet du mois
Crayons de matières colorantes
© © Musée national de Préhistoire / Maxime Villaeys
Janvier 2024 : Crayons de matières colorantes

Origine : Laugerie Haute Est, Les Eyzies (Dordogne)

Date : Magdalénien moyen

Nous vous proposons de découvrir un magnifique ensemble de crayons de matières colorantes, actuellement présentés dans l’exposition temporaire « Oxydes. Couleurs & Métaux ».

« Ces blocs utilisés sont généralement décrits comme « crayons » en raison de leur forme appointée. Elle est le résultat d'une utilisation directe par frottement contre une autre surface. Le contact répété produit des facettes convergentes recouvertes de stries parallèles plus ou moins fines selon la nature du matériel frotté (rugueux ou souple).

Ainsi, l'emploi du bloc pour colorer des peaux d'animaux ou de la peau humaine à des fins esthétiques (teinture, assouplissement), symboliques, identitaires ou prophylactiques (tannage, répulsif d'insectes) laisse sur le bloc des facettes lisses et polies et des faisceaux de fines stries. En revanche, quand le bloc colorant est appliqué sur une paroi, le bord d'un outil lithique ou des peaux sèches, avec ou sans poils, les stries sont beaucoup plus profondes et peu organisées. Cela a pu être démontré par quelques travaux de recherches et d’expérimentations menés dès les années 80.

La petite taille de certains de ces crayons trouvés dans des sites d'habitat sans art pariétal, en particulier ceux à forte capacité de coloration (grain fin, proportion d'argile optimale), indique une utilisation exhaustive et une longue conservation de ce matériel précieux, même au stade de résidu (San Juan 1990). » (D’après Cristina San Juan-Foucher, Ingénieure d'études, Service régional de l'Archéologie Occitanie, extrait du catalogue de l’exposition)

Crayons de matières colorantes (oxydes de fer) Hématite Fouilles D. Peyrony Musée national de Préhistoire, MNP 1938-2-1-256 à 261

Le catalogue et les foulards inspirés de cette exposition sont en vente à la boutique du musée.

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Frise de bouquetins gravés de la grotte Richard
© © Musée national de Préhistoire / Maxime Villaeys
Février 2024 : Frise de bouquetins gravés de la grotte Richard

Origine : Grotte Richard, Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne

Date : Magdalénien supérieur
 

Nous vous proposons de découvrir un objet exceptionnel de nos collections, qui a récemment, grâce à une très belle intervention de restauration, retrouvé une esthétique exceptionnelle venant faciliter la lecture de la pièce et des représentations gravées qu’elle porte : La Frise de bouquetins gravés de la grotte Richard.

« On connaît le rôle déclencheur que joua la grotte des Eyzies, ou grotte Richard, tout près du musée national de Préhistoire, dans le lancement de la Préhistoire et des grandes fouilles de la région. Très anciennement explorée, cette petite cavité bien visible à flanc de falaise a livré plus de soixante objets d'art datables de la fin du Magdalénien. Cette pièce, acquise par le musée en 1996, est parfaitement représentative de cet art mobilier du Magdalénien.

Le support en est une côte de grand herbivore. La plus belle face porte une frise de six bouquetins en profil gauche, le premier seulement esquissé par quelques traits. Au verso, deux chevaux complets en profil gauche animent un décor de traits subverticaux assez réguliers qui pourraient suggérer la végétation.

La gravure est profonde, bien maîtrisée, malgré quelques rares reprises, notamment au niveau du signe barbelé séparant les bouquetins centraux. Très naturalistes, ces figurations peuvent être rapportées à l'espèce alpine, Capra ibex. Il s'agit sans doute des jeunes mâles en proie à l'agitation inquiète que l'on observe chez ces animaux au moment du rut. Le procédé de la frise est ici habilement utilisé pour évoquer un troupeau de bouquetins que la précision du détail rend très réaliste. »

Lors de son acquisition, la pièce présentait un état de conservation médiocre : d’anciennes restaurations fragilisaient la structure de la pièces et les anciennes résines utilisées se dégradaient. Ainsi, en 2020, cette œuvre a fait l’objet d’une restauration réalisée par Nathalie Mémeteau, restauratrice du patrimoine. Cette opération complexe de nettoyage de la pièce a permis retirer les anciens produits de restaurations, de nettoyer les encrassements anciens de résine, de mettre en œuvre de nouveaux comblements de lacune. Ces interventions ont permis de retrouver la pleine lisibilité des gravures et de redonner à la pièce tout son caractère esthétique et artistique.

Os gravé L. 17,5 x l. 3 x Ep. 1,3 cm MNP 96.3.1

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Poignard en bronze
© © Tony Querrec - Rmn-GP / Musée national de Préhistoire
Mars 2024 : Poignard en bronze martelé et incisé du Coux-et-Bigaroque

Origine : Coux-et-Bigaroque (Dordogne)

Date : Âge du Bronze ancien (vers 1800-1600 avant notre ère)

Pauline Rolland, conservatrice du patrimoine au MNP, vous présente ce magnifique poignard en bronze martelé et incisé du Coux-et-Bigaroque, actuellement visible dans notre exposition temporaire Oxydes. Couleurs & Métaux jusqu’au 8 mai 2023.   « Jusqu'alors conservé en collection privée, cet objet a rejoint en 2020 les collections du Musée national de Préhistoire ; il est présenté ici au public pour la première fois.   Cette lame de poignard en bronze était originellement fixée à un manche probablement métallique par six rivets, dont seuls sont conservés les trous. De forme triangulaire, la lame présente des tranchants travaillés par martelage et séparés du centre de la pièce par une légère cannelure. Le décor incisé est soigné, identique sur ses deux faces : sur ses longs côtés, cinq lignes pleines sont encadrées de part et d'autre par deux lignes de points ; sur le petit côté, alternent des lignes pleines, des séries de points et de chevrons parallèles ou inclinés l'un vers l'autre, formant ainsi des petits triangles dont le sommet est marqué d'un point.   C. Chevillot et J. Gomez de Soto ont récemment démontré la pluralité des influences observables sur cet objet, jusqu'alors traditionnellement rapproché des poignards du type dit « rhodanien » (Chevillot, Gomez de Soto 2017) : influence armoricaine pour la forme, proche des types de Loucé et de Rumédon ; et italique davantage que rhodanienne pour le décor, en notant toutefois une adaptation de ces influences stylistiques par l'artisan qui crée ainsi une nouvelle syntaxe décorative inconnue ailleurs. Quant au métal, sa forte teneur en arsenic pourrait indiquer une provenance ibérique pour le cuivre, qui compose 87% de l'alliage.   Cet objet témoigne donc des différents courants d'échanges, économiques, typologiques et stylistiques, qui animaient le territoire périgourdin à l'âge du Bronze ancien. Il représente de ce fait l'un des premiers objets préfigurant l'émergence d'une métallurgie aquitaine originale au Bronze moyen, notamment concernant les productions d'objets de prestige destinés à l'élite locale. » (extrait du catalogue)

Le catalogue et les foulards inspirés de cette exposition sont en vente à la boutique du musée.   Poignard Musée national de Préhistoire, MNP 2020-1-1

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Galets peints aziliens
© © Maxime Villaeys / Musée national de Préhistoire
Avril 2024 : Galets peints de la grotte du Mas d’Azil

Origine : Grotte du Mas d’Azil, Le Mas d’Azil (Ariège)

 

Nathalie Fourment, directrice du MNP, vous présente ce magnifique ensemble de galets peints provenant de la grotte du Mas d’Azil, actuellement visible dans notre exposition temporaire Oxydes. Couleurs & Métaux jusqu’au 8 mai 2023.

« Ces six galets peints aziliens sont les seuls présents dans les collections du Musée national de Préhistoire (coll. D. Peyrony). Ils proviennent du site éponyme du Mas d’Azil (Ariège). Des galets peints sont trouvés dans les fouilles de la vallée de la Vézère (Grotte des Eyzies, notamment) dès 1863, mais ces premiers exemplaires sont aujourd’hui réputés perdus. Ils ne sont alors attribués à aucune période culturelle précise. Il faut attendre leur mise au jour en grand nombre sur le site du Mas d’Azil pour qu’en 1889 E. Piette, dans sa présentation des successions des couches dans les cavités du Mas d’Azil, annonce la découverte « de galets coloriés d’hydroxydes de fer appliqués avec des pinceaux fins ». Aujourd’hui, sur plus de 2000 galets peints recensés, près des deux tiers proviennent du Mas d’Azil. Les conditions de découverte et d’arrivée aux Eyzies de ces six galets du Mas d’Azil sont inconnues mais au moment des fouilles de ce gisement à la fin du XIXe s. et au début du XXe s., la circulation de ce type de pièces était intense parmi les milieux scientifiques, les collectionneurs et les musées de l’époque. Il est ainsi logique que ces pièces aient rejoint dès 1910 les collections de D. Peyrony aux Eyzies. L’engouement pour les galets peints du Mas d’Azil a même été à l’origine d’un « certain trafic », les ouvriers des fouilles n’hésitant pas par exemple à fabriquer eux-mêmes des faux ! 

L’étude conduite par C. Couraud dans les années 1980 s’est attachée à recenser et étudier tous les galets peints alors identifiés pour en déterminer l’authenticité sur des critères fiables, afin de disposer d’une analyse scientifique détaillée de ces pièces spécifiques (morphologie du support, des représentations, matières colorantes, modes possibles d’application, états de conservation, etc.). Ces six galets des collections du Musée national de Préhistoire ont été authentifiés à l’occasion de cette étude. Ils correspondent à plusieurs types, assez répandus : galets peints de traits longitudinaux, galets peints de traits transversaux, galets peints de ponctuations, etc. Certains présentent aussi une ligne rouge sur la totalité de leur pourtour.

La signification et les modalités d’utilisation de ces galets peints restent inconnues. Mais ils sont un trait culturel majeur de l’Azilien, a fortiori dans son aire d’extension pyrénéenne. » (extrait du catalogue)

Galets ocrés Azilien Musée national de Préhistoire, MNP 1910-1-1 à 6

Le catalogue et les foulards inspirés de cette exposition sont en vente à la boutique du musée.

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crane d'ours des cavernes
© RMN, dist. RMN-GP, cliché P.Jugie
Mai 2024 : Ours des cavernes

Provenance : crâne provenant de la grotte de Font-de-Gaume (Les Eyzies, Dordogne) / Fouilles F.Prat, de 1958 à 1964. 

Période : environ 35 000 ans

Ursus spelaeus 

Renommée essentiellement pour ses peintures magdaléniennes, la grotte de Font-de-Gaume a également livré des ossements d'ours des cavernes découverts lors des fouilles de François Prat entre 1958 et 1964. Ces fouilles ont révélé 2 niveaux archéologiques, dont le plus ancien, attribué au Châtelperronien, comportait 15 éléments anatomiques d'ours, dont 11 côtes, portant des stries de découpe. L'étude paléontologique tendant à prouver que les ours sont morts naturellement dans cette grotte, il est probable que les  néandertaliens aient exploité des carcasses in situ. Une cinquantaine de gisements en Europe témoignent de l'exploitation des ours des cavernes par les Hommes préhistoriques, que ce soit à des fins alimentaires , utilitaires (récupération de fourrure, transformation des dents en retouchoirs) ou symboliques (pendeloques, majoritairement sur canines).

Cette espèce bien connue tire son nom des nombreux vestiges osseux retrouvés dans les cavités lui servant d'abri pour hiverner : en semi-léthargie pendant les périodes froides de l'année, les individus fragilisés, principalement des femelles et des oursons, y mouraient chaque hiver. Outre leurs ossements, les ours ont pu laisser d'autres indices de leur présence : griffades, bauges, polis sur les parois. Certaines grottes, notamment dans les Alpes, renferment des milliers d'individus, témoins d'occupations s'étalant sur de très nombreuses générations. Bien qu'appartenant à l'ordre des carnivores en raison de ses caractéristiques anatomiques, Ursus spelaeus avait un régime alimentaire omnivore, voire végétarien, comme l'attestent ses molaires bunodontes (présentant denticules arrondis), adaptées au broiement des végétaux. Possédant un crâne marqué par une dépression fronto-nasale accentuée, il se singularisait également par une obliquité prononcée du dos, due à un allongement des membres antérieurs et à un raccourcissement des tibias. Les mâles pouvaient atteindre 2,50 m à 3 m de longueur, 1,20 m de hauteur au garrot, et peser jusqu'à 800 kg. Stade ultime d'une lignée évolutive, l'ours des cavernes est connu exclusivement en Europe entre 150000 et 12000 ans environ.

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Crâne de cheval
© RMN, dist. RMN-GP, cliché P. Jugie
Juin 2024 : Crâne de cheval de Mosbach

Provenance : site de Camp-de-Peyre (Sauveterre-la-Lémance, Lot-et-Garonne) / Fouilles IPGQ Bordeaux et DAP Aquitaine, 1976 et 1977.

Période : environ 0,55 MA

Equus mosbachensis camdepeyri Guadelli et Prat, 1995 / MNP 2017-8-1  

Au Pléistocène inférieur (2,6 à 1 MA environ), les représentants des équidés furent en Europe Equus stenonis, qui possédait encore des caractères morphologiques rappelant ses ancêtres du Tertiaire et une grande forme, Equus bressanus, qui présente encore des caractères sténoniens. Ce n'est qu'au Pléistocène moyen que le premier équidé considéré comme vraiment caballin fait son apparition, vers 0,6 MA : Equus mosbachensis. Il perdurera plusieurs centaines de milliers d'années avec différentes sous-espèces avant d'évoluer vers des espèces qui aboutiront au cheval actuel.

La faille fossilifère de Camp-de-Peyre, découverte en 1976 lors de l'exploitation d'une carrière, a révélé une faune datée du milieu du Pléistocène moyen, contemporaine des niveaux anciens de la Caune de l'Arago à Tautavel. Les taxons les plus remarquables sont le mouflon et le renne, jusqu'alors inconnus dans la région à une période aussi ancienne, le Chien étrusque, ancêtre du loup, le lemming à collier, accompagnés d'autres ongulés, carnivores et rongeurs. La majorité des herbivores et des rongeurs présents témoignent de conditions climatiques rigoureuses de période glaciaire. L'absence de tout vestige archéologique et de traces d'origine anthropique laissent à penser que cette faille a fonctionné comme piège naturel. Associé à quelques autres ossements, ce crâne de cheval constitue une autre découverte remarquable de ce site et a été élevé au rang d'holotype* par les auteurs qui l'ont étudié comme la sous-espèce Equus mosbachensis campdepeyri, Guadelli et Prat, 1995. Ce crâne, bien conservé malgré quelques dommages est en partie recouvert de calcite. Il présente une face longue et un museau court, proportionnellement aux chevaux actuels. L'étude dentaire en fait un sujet mâle mort dans sa cinquième année. Les dimensions du crâne et de certains os longs permettent d'estimer sa taille au garrot entre 1,50 m et 1,55 m. Même s'il possède quelques caractères dentaires et osseux archaïques, la morphologie des vestiges a permis aux auteurs de le rapporter à un caballin de l'espèce E.mosbachensis.

*Holotype : specimen servant de référence à l'établissement d'un nouveau taxon (genre, espèce, sous-espèce, ...), dont le nom scientifique, en latin, est associé à celui de son inventeur suivi de l'année de la publication de sa description.

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Media Name: megaceros.jpg
© RMN, dist. RMN-GP, cliché P. Jugie
Juillet 2024 : Reconstitution de Mégacéros

Megaloceros giganteus Blumenbach, 1799

Outre le genre Praemegaceros qui comprend plusieurs espèces du Pléistocène inférieur au début du Pléistocène moyen, les grands cervidés mégacérins sont plus connus par le Mégacéros que les néandertaliens puis les hommes anatomiquement modernes ont cotôyé. Le genre Megaloceros est présent en Europe occidentale (France, Irlande, Allemagne, Italie) depuis plus de 500.000 ans et M.giganteus depuis environ 300.000 ans. Megaloceros giganteus est la plus grande forme: les mâles étaient pourvus d’une ramure immense pouvant dépasser trois mètres d’envergure, caractérisée par un seul andouiller basilaire et terminée par une empaumure large. Les femelles en étaient dépourvues (comme la majorité des cervidés, à l'exception du renne) et étaient beaucoup plus graciles. Malgré ses dimensions impressionnantes et un poids pouvant atteindre 700 kilos, il était plus proche morphologiquement du daim que du cerf. Son aire de répartition a couvert quasiment toute l’Eurasie ainsi que le nord de l’Afrique et le Moyen-Orient. Sa physionomie est bien connue grâce à de nombreux vestiges  retrouvés dans les tourbières d'Irlande et quelques représentations pariétales du Paléolithique supérieur (tels la grotte Chauvet en Ardèche, Arcy en Bourgogne ou Cougnac dans le Lot). Sa présence est également attestée dans quelques sites archéologiques et paléontologiques français, particulièrement entre 60 et 30.000 ans, son exploitation par les hommes préhistoriques reste cependant exceptionnelle. Il semble qu'il se soit accomodé d’un environnement de toundra-steppe arbustive. Sa disparition autour de – 10.000 ans peut être mise en rapport avec le développement important des forêts.

La taxidermie présentée au Musée a été reconstituée à partir d'un squelette complet conservé au Muséum d'Histoire naturelle de Toulouse, et sa fourrure a été réalisée en utilisant deux peaux d'élan. Le moulage de la ramure a été effectué sur un exemplaire original du Muséum de Stuttgart.

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buste de denis peyrony
© © Maxime Villaeys / Musée national de Préhistoire
Août 2024 : Buste de Denis Peyrony

L’histoire de l’établissement explique la présence dans les collections de quelques sculptures, peintures, pièces d’arts graphiques.

Ainsi, ce buste a été réalisé en hommage à Denis Peyrony, peut-être à l’occasion de son Jubilé en 1939, tout comme la médaille frappée au même moment. Cette tradition était assez fréquente à l’époque. Ce même sculpteur, connu pour ses travaux de restauration d’œuvres, son enseignement de muséographie à l’Ecole du Louvre ou sa fonction de chef technique de l’atelier des moulages au Musée d’Archéologie nationale a également réalisé d’autres bustes de préhistoriens célèbres (Piette, Capitan, Breuil).

Ce buste de D. Peyrony a été un temps exposé mais est depuis de nombreuses années dans les réserves du Musée national de Préhistoire.

Dans le cadre des manifestations liées au Centenaire de l’établissement, l’œuvre est présentée au public dans l’espace Le musée sort de sa réserve ! à côté d’un portrait peint du fondateur du musée.

Cette sculpture a récemment fait l’objet d’un travail de nettoyage et de restauration conduit par Nathalie Mèmeteau, venant lui rendre toute sa prestance !

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hemi-cote en os gravée
© © Maxime Villaeys
Septembre 2024 : Hémi-côte en os gravée

Découverts dans la grotte Bourrouilla (Arancou, Pyrénées-Atlantiques), qui a fait l’objet de fouilles dirigées par C. Chauchat puis M. Dachary, les deux fragments ont été assemblés a posteriori lors de l’étude de l’art mobilier. Ils sont restés exposés dans deux vitrines différentes du musée national de Préhistoire, jusqu’à ce qu’ils soient présentés ensemble dans notre exposition temporaire « Animaux rares, gibiers inattendus. Reflets de la biodiversité » (28 juin – 11 novembre 2019).

La grotte Bourrouilla recèle un art mobilier magdalénien supérieur exceptionnel, tant par sa quantité (plus de 80 motifs) que pour la maîtrise et la miniaturisation de certaines figures. Le bestiaire figuré est très inhabituel, puisqu’on y trouve des oiseaux, des ours, des canidés et des mammifères marins (Plassard et Dachary, 2019*). C’est le thème du poisson, exclusivement des salmonidés, qui est majoritaire, fait exceptionnel dans l’art paléolithique. Ce lissoir, découpé dans une côte de grand herbivore, comporte une représentation de poisson encadrée de deux séries de grandes hachures, associé à une figure indéterminée. Si on le compare à d’autres saumons miniatures, eux aussi gravés sur hémi-côtes (par exemple la pendeloque au renne, également présentée dans l’exposition du musée d’Aquitaine, mais aussi la « biche au saumon », prêtée, elle, au musée de l’Homme jusqu’à début juin), cette image ne semble pas présenter le même niveau de maîtrise technique…

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Bracelets du dépôt de Canaval
© © Musée national de Préhistoire / Maxime Villaeys
Octobre 2024 : Bracelets du dépôt de Canaval

Origine : Dépôt de Canaval, Fleurac (Dordogne)

Date : Age du Bronze moyen (vers 1 300 av. notre ère)

Pauline Rolland, conservatrice du patrimoine au MNP, vous présente les Bracelets du dépôt de Canaval actuellement visibles dans notre nouvelle exposition temporaire Oxydes. Couleurs & Métaux.

Ces trois bracelets proviennent d’un dépôt qui comprenait également deux haches à talon, un anneau et un bracelet filiforme, exhumés lors de travaux agricoles entre 1970 et 1972. Jusqu’alors conservé en mains privées, cet ensemble a rejoint les collections du musée national de Préhistoire en 2018.

D’abord fondus dans un moule, les bracelets ont ensuite été travaillés par écrouissage, c’est-à-dire battus au marteau à froid. Cette étape a fragilisé la surface du métal, qui s’est par endroits désolidarisée du noyau de l’objet du fait de la corrosion. Malgré ces manques, ces pièces conservent une très belle patine verte uniforme.

Les trois exemplaires appartiennent au même type des bracelets à extrémités à légers tampons. Leur section est losangique, ce qui est typique des bracelets de l’âge du Bronze moyen en Périgord ; ailleurs, comme en Bretagne ou dans le Centre-Ouest, une section en U est plus répandue. La surface est décorée de traits incisés qui forment une composition géométrique soignée. Les tampons sont toujours ornés de traits parallèles entre eux. Sur le premier bracelet, le décor est ensuite organisé autour d’une ligne qui divise le bracelet dans son épaisseur, de part et d’autre de laquelle sont affrontés des triangles striés ; les deux autres présentent une division en panneaux rectangulaires répétant les mêmes motifs géométriques, en arêtes de poisson sur l’un et en arceaux sur l’autre. Ce dernier motif se rencontre fréquemment sur les bracelets en bronze d’Aquitaine. Comme en témoigne la minutie de la décoration, ces bracelets ont fait l’objet d’un grand soin dans leur réalisation.

Par leur type et leur décor, ces éléments de parure sont très proches des quatre bracelets trouvés à la Calévie, aux Eyzies. Christian Chevillot va jusqu’à les attribuer au même artisan.

Une bibliographie complète est détaillée dans le catalogue de l’exposition en vente à la boutique du musée.

Bracelets du dépôt de Canaval, Bronze, Musée national de Préhistoire MNP 2018-3-1-3 à 5

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Galet gravé de Laugerie-Haute
© © Musée national de Préhistoire / Maxime Villaeys
Novembre 2024 : Galet gravé de Laugerie-Haute

Origine : Abri de Laugerie-Haute, Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne)

Date : Gravettien récent

Nathalie Fourment, directrice du Musée national de Préhistoire, vous présente le galet gravé de Laugerie-Haute, actuellement prêté au Musée de l'Homme à l'occasion de l'exposition Arts et Préhistoire, du 16 novembre 2022 au 22 mai 2023.

« Ce galet gravé découvert par Peyrony lors des fouilles qu’il conduisait à Laugerie-Haute est particulièrement énigmatique : ses dimensions le situent à la frontière entre l'art mobilier et l'art sur bloc. Il s'agit d'un gros galet de gneiss, de forme elliptique, sans doute récolté dans les formations alluviales de la Vézère toute proche. Sa surface est entièrement couverte de profonds sillons, disposés par séries régulières de plusieurs traits obliques et perpendiculaires. La matière première choisie, particulièrement dure et difficile à travailler à l'outil de silex, exclut toute explication par des traces d'utilisations du type stigmates de découpes, etc. Une étude récente a pu démontrer qu’il existait plusieurs étapes de réalisations de ces groupes de traits en faisceaux, certains étant recoupés par d’autres. »

Retrouvez un article à ce sujet rédigé par Laurent Chiotti, assistant de recherches au Musée national d'Histoire naturelle, dans le numéro spécial PALEO 2018, aux pages 141, 142 et 143.

« Ce galet gravé a été découvert dans la couche F anciennement attribuée au « protomagdalénien », qui correspond à un épisode spécifique du Gravettien récent. Pour cette époque, cette pièce ne connaît aucun terme de comparaison. Des manifestations graphiques associant récurrence et organisation de traits parallèles incisés est présente en revanche sur des dents ou des objets en os à l’Aurignacien.  Parmi les hypothèses interprétatives avancées, celle d’un décompte peut retenir l'attention, sans aucune certitude toutefois. »

Galet gravé de Laugerie-Haute, Pierre gravée, Musée national de Préhistoire MNP 38.1.9

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 Le Sorcier de La Madeleine
© © Tony Querrec - Rmn-GP / Musée national de Préhistoire
Décembre 2024 : Le Sorcier de La Madeleine

Origine : La Madeleine, fouilles Capitan et Peyrony

Date : Magdalénien IV

Nous vous proposons de découvrir une pièce exceptionnelle de nos collections, qui a récemment, grâce à une très belle intervention de restauration, retrouvé une esthétique exceptionnelle venant faciliter la lecture de la pièce et des représentations gravées qu’elle porte : Le Sorcier de La Madeleine.

« Ce fragment d’os long (côte de grand herbivore, bison ou aurochs) est gravé sur sa face supérieure d’un humain dit ithyphallique. La représentation est parfaitement cadrée sur la surface. L’humain peut être considéré debout ou allongé sur le ventre, comme rampant, suivant le sens de lecture de la pièce. Sa tête est relevée. Par son prognathisme marqué, elle évoque celle d’un animal. Toutefois, et contrairement à d’autres représentations similaires, le visage est bien humain, presque caricaturé avec son gros nez. Le corps est épais et les bras tendus vers l’avant. Une jambe est indiquée, en partie fléchie. Le sexe de l’homme est indiqué en érection. Enfin, des incisions sur le ventre suggèrent un pelage, insistant encore sur le lien ténu entre l’homme et l’animal. » (d’après Eléna Paillet, extrait du catalogue de l’exposition temporaire « Grands sites d’art magdalénien – La Madeleine et Laugerie-Basse il y a 15 000 ans » présentée au MNP du 21 juin au 10 novembre 2014).

Cette œuvre a fait l’objet d’une restauration en 2021 réalisée par Marielle Boucharat, restauratrice du patrimoine. En effet, d’anciennes restaurations (colles, vernis, comblement à base de résines) s’étaient dégradées et venaient altérer la lecture de la pièce et son esthétique. Un nettoyage très minutieux a été mené, ces anciens produits ont été enlevés, la pièce a été consolidée et de nouveaux comblements ont été mis en œuvre, dans le respect de l’importance scientifique et patrimoniale de cette pièce.

Catalogue de l’exposition en vente auprès de Reine Gangloff :  reine.gangloff@culture.gouv.fr

Le sorcier de la Madeleine, os gravé, Musée national de Préhistoire, MNP 128-7-11