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Le temps des grands carnivores

Entre - 120 000 et - 35 000 ans (Würm ancien), les carnivores ont connu un essor sans précédent. Les conditions environnementales ont en effet permis le développement des herbivores et de leurs prédateurs. Le fait le plus remarquable demeure la prolifération du plus fréquent des carnivores : la hyène des cavernes.

Les objets

L'environnement
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© RMN, dist. RMN-GP, cliché P. Jugie
Crâne d'ours des cavernes

Provenance : grotte de Font-de-Gaume (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) Période : Environ 35 000 BP

Sans avoir l'amplitude de certains sites alpins, dans lesquels on dénombre des milliers d'individus, la cavité de Font-de-Gaume présente les principales caractéristiques des grottes à ours. On y a notamment retrouvé des individus vulnérables, juvéniles ou très âgés, découverts lors des fouilles Prats entre 1958 et 1964.

Les ours pléistocènes appartiennent à deux lignées :

- celle de l'ours brun, dont la forme ultime est Ursus arctos (qui a encore des représentants en Europe) - celle de l'ours des cavernes, Ursus spelaeus, qui disparaît à la fin des temps glaciaires.

Si, pour hiberner, l'ours brun préférait les abris extérieurs, l'ours des cavernes utilisait les grottes. Cette espèce bien connue tire son nom des nombreux vestiges découverts dans les cavités lui servant d'abri pour hiverner : en semi-léthargie pendant les périodes froides de l'année, les individus fragilisés, notamment des femelles et des oursons, y mouraient chaque hiver. Toutefois, une même grotte ne devait pas accueillir plus d'un, voire deux ours, en même temps : des générations ont pu s'y succéder, ce qui explique aujourd'hui ces accumulations d'ossements.

De nombreuses grottes portent encore les marques du passage d'ours : des griffades ou, dans les passages étroits, des parois polies (les ours étaient obligés de se frotter au mur pour passer). Les bauges quant à elles sont de larges cuvettes dans lesquelles hibernaient les ours.

Bien qu'appartenant à l'ordre des Carnivores en raison de ses caractéristiques anatomiques, Ursus spelaeus avait un régime alimentaire omnivore, voire végétarien, comme l'attestent ses molaires bunodontes, adaptées au broiement des végétaux. Possédant un crâne marqué par une dépression fronto-nasale accentuée, il se singularisait également par une obliquité prononcée du dos, due à un allongement des membres antérieurs et à un raccourcissement des tibias.

Les mâles pouvaient atteindre 2,50 m à 3 m de longueur, 1,20 m de hauteur au garrot, et peser jusqu'à 800 kg.

Stade ultime d'une lignée évolutive, l'ours des cavernes est connu exclusivement en Europe entre -150 000 et -12 000 ans environ.

L'environnement
Media Name: les_plumettes-mandibule_de_hyene.jpg
© RMN, dist. RMN-GP, cliché P. Jugie
Mandibule de hyène

Provenance : Site des Plumettes (Lussac-les-Châteaux, Vienne) Période : Vers 45000 ans BP.

La hyène des cavernes est fréquente en Europe à certaines périodes de la dernière glaciation, particulièrement entre - 40 000 et -30 000. Comme ses congénères actuelles, elle devait pratiquer la chasse et le charognage : ses fortes dents, pointues et coniques, lui permettaient de s'attaquer aux carcasses d'herbivores de toutes tailles, y compris les rhinocéros et les mammouths. Elle utilisait les grottes comme tanière pour élever ses petits.