Paléolithique ancien ou moyen

Dans la nature on trouve des objets de formes plus ou moins comparables à celles des principaux types d’outils taillés par l’homme. Pour certains, les différences sont assez nettes: un simple examen permet de trancher. Pour d’autres, il est impossible de se prononcer. En effet, la fracture des roches résulte d'impacts d'origine humaine ou naturelle, d'actions du gel ou du feu ou de phénomènes d'écrasement. Le même objet peut subir plusieurs fois ces actions suggérant qu'il a pu être taillé par l'homme. Les éléments abrasifs transportés par le vent ou l’eau peuvent également sculpter des blocs naturels.

Dès lors, l’étude du contexte de découverte apporte des éléments de réponse: les objets trouvés dans des dépôts sédimentaires mis en place par des phénomènes de haute énergie (alluvions, volcanisme) sont probablement des jeux de la nature. Ceux provenant d’un milieu calme "basse énergie"(dépôt de lac, loess) ont sans doute été fabriqués par l’homme. Ce type de question se pose essentiellement pour des pièces isolées ou de petites séries.

Le débitage consiste en la fragmentation d'un bloc de matière première lithique par coups successifs portés avec un percuteur de pierre. Les objets obtenus sont des éclats à morphologie variée : éclats à bord coupant total, éclats à bord coupant opposé à un autre non coupant... Leurs dimensions, leurs morphologies sont données par  l'enchaînement des gestes mis en œuvre pour les détacher. 

Le choix des techniques, des gestes employés lors de la percussion, la morphologie des blocs et la qualité de la matière première lithique permet d'obtenir les produits recherchés qui sont plus ou moins standardisés.

Les éclats peuvent être utilisés tels quels pour leur tranchant ou avoir leurs bords aménagés par retouche. Ils deviennent alors des outils retouchés, éléments caractéristiques des industries à éclats qui atteindront leur apogée au Paléolithique moyen.

La méthode Levallois nécessite une préparation soigneuse du bloc et permet l'obtention d'éclats plats à forme préderterminée. Elle traduit une grande maîtrise technique et une forte capacité d'anticipation de la forme des produits.

Le nucléus (reste du bloc après détachement du ou des éclats) qui a ici livré un seul éclat , est particulièrement didactique. A sa périphérie, les traces de la préparation de la surface aux dépens de laquelle a été détachée l'éclat, sont bien visibles. Notons l'harmonie des convexités qui ont déterminé la forme de l'éclat. Au centre, le négatif de l'éclat détaché est bien visible. Ses limites suivent parfaitement les bords du nucléus confirmant le lien direct existant entre la préparation et le produit obtenu.