Nathalie Fourment, directrice du Musée national de Préhistoire, vous présente le galet gravé de Laugerie-Haute, actuellement prêté au Musée de l'Homme à l'occasion de l'exposition Arts et Préhistoire, du 16 novembre 2022 au 22 mai 2023.
« Ce galet gravé découvert par Peyrony lors des fouilles qu’il conduisait à Laugerie-Haute est particulièrement énigmatique : ses dimensions le situent à la frontière entre l'art mobilier et l'art sur bloc. Il s'agit d'un gros galet de gneiss, de forme elliptique, sans doute récolté dans les formations alluviales de la Vézère toute proche. Sa surface est entièrement couverte de profonds sillons, disposés par séries régulières de plusieurs traits obliques et perpendiculaires. La matière première choisie, particulièrement dure et difficile à travailler à l'outil de silex, exclut toute explication par des traces d'utilisations du type stigmates de découpes, etc. Une étude récente a pu démontrer qu’il existait plusieurs étapes de réalisations de ces groupes de traits en faisceaux, certains étant recoupés par d’autres. »
Retrouvez un article à ce sujet rédigé par Laurent Chiotti, assistant de recherches au Musée national d'Histoire naturelle, dans le numéro spécial PALEO 2018, aux pages 141, 142 et 143.
« Ce galet gravé a été découvert dans la couche F anciennement attribuée au « protomagdalénien », qui correspond à un épisode spécifique du Gravettien récent. Pour cette époque, cette pièce ne connaît aucun terme de comparaison. Des manifestations graphiques associant récurrence et organisation de traits parallèles incisés est présente en revanche sur des dents ou des objets en os à l’Aurignacien. Parmi les hypothèses interprétatives avancées, celle d’un décompte peut retenir l'attention, sans aucune certitude toutefois. »
Galet gravé de Laugerie-Haute, Pierre gravée, Musée national de Préhistoire MNP 38.1.9
Origine : Abri de Laugerie-Haute, Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne)