Les Nocturnes 2023
Conférences

Cycle de conférences « Les Nocturnes » 2023

Pionniers de la Préhistoire. Petites histoires et grandes découvertes
18 et 25 juillet | 1 et 8 août 2023 à 21h30
Musée national de Préhistoire & Abri Pataud

Cycle de conférences en lien avec les événements du Centenaire (jusqu'au 20 mai 2024).

Conférence 18 juillet
Réunion aux Eyzies mars 1938 – Fonds Bouyssonie droits réservés
  • MARDI 18 JUILLET 2023 à 21h30 | Abri Pataud

Jean Bouyssonie - Denis Peyrony : ensemble et/ou dos à dos ?

par Thierry Bismuth, Conservateur du Patrimoine, Service régional de l'Archéologie Limoges, DRAC Nouvelle-Aquitaine, UMR 5608 TRACES.

Denis Peyrony (1869-1954) et Jean Bouyssonie (1877-1965) ont consacré l’essentiel de leur vie à la préhistoire. L’un et l’autre, ils ont fouillé de nombreux gisements, publié régulièrement les résultats de leurs recherches et présenté leurs travaux lors de multiples congrès. Par leur engagement qui n’a jamais faibli au cours des ans, on peut affirmer sans le moindre doute, en reprenant les mots de D. Peyrony, qu’ils ont été « utiles à la science ».
L’un comme l’autre, ils ont été des précurseurs dans l’archéologie des sépultures moustériennes et ont  joués un rôle important dans le  débat sur les pratiques funéraires des Néandertaliens.
Par la finesse de leurs observations stratigraphiques,  ils ont participé de manière indirecte  à la Bataille de l’Aurignacien aux côtés de l’Abbé Breuil.
En 1913 alors qu’ils sont devenus tous deux, des archéologues-préhistoriens ayant à leur actif des découvertes remarquables, Capitan associe leurs noms dans un compte-rendu de l’académie des inscriptions et Belles lettres  ; cela sera leur seule publication commune.
Durant toute leur carrière,  ils ont entretenus des relations mêlées de courtoise et de respect et se sont tenus informés de leurs travaux sans que l’on puisse considérer qu’ils aient réellement collaboré.
Près d’un siècle après,  peut-on estimer que les travaux de Jean Bouyssonie auraient pu venir fragiliser précocement le modèle évolutif des industries, proposé dès 1933 par D. Peyrony ?  En effet, il semble que le particularisme de la Corrèze ou tout au moins du  Bassin de Brive était un contre-exemple suffisamment robuste offrant tous les arguments nécessaires à une réfutation argumentée du concept de Périgordien.

Conférence 25 juillet
Fresque de Lascaux dans la galerie de paléontologie du Muséum.
Photographie MNHN-J.-C. Domenech.
  • MARDI 25 JUILLET 2023 à 21h30 | Abri Pataud

Si loin, si proches. Chroniques du Muséum en vallée Vézère

par Roland Nespoulet, Maître de conférences du Muséum national d'Histoire naturelle, Département Homme et Environnement, UMR 7194 HNHP

En 1868, certaines tensions ont émaillé le rapatriement à Paris, au Muséum, des ossements de Cro-Magnon fraîchement découverts dans l’abri du même nom aux Eyzies. En effet, les relations entre l’archéologie de terrain, en Périgord comme partout en France, et les grandes institutions parisiennes n’ont pas toujours été sereines. Mais résumer 160 ans de découvertes à ces seules tensions serait une erreur. Au fil des nombreuses générations de chercheurs qui ont œuvré, et qui œuvrent encore, en Périgord, ce sont surtout les passionnantes histoires des découvertes qui se dessinent. Tout ne se joue pas à Paris. Tout part du terrain, des fouilles préhistoriques. Mon point de vue sera celui de l’archéologue fouillant dans les archives, et parfois dans les anecdotes, à la recherche de la longue histoire qui lie les naturalistes du Muséum national d’Histoire naturelle au Périgord, tout particulièrement dans la vallée multimillénaire de la Vézère.

Visites de l'abri Pataud à 11h et 14h (jauge limitée à 30 personnes)

Inscription obligatoire (accès possible jusqu'à la dernière minute sous réserve de places disponibles) :

Visites et conférences à l'abri Pataud : par téléphone au 05 53 06 92 46 ou par mail à pataud@mnhn.fr 


Conférence 1er août
Edouard Piette relevant une coupe au Mas d'Azil, en présence d'Emile Cartailhac (1889)
  • MARDI 1er AOÛT 2023 à 21h30 | Musée national de Préhistoire

Edouard Piette (1827-1906) et l'invention du « terrain » en préhistoire

par Yann Potin, Chargé d'études documentaires, Archives nationales, Département Education, Culture et Affaires sociales, Maître de conférences associé à l'Université Sorbonne Paris Nord

La galerie des « pionniers » de la Préhistoire, comme période reconnue ou science potentielle, est aussi restreinte en apparence que factice en réalité. Une fois mise de côté l’embarrassante figure de Boucher de Perthes et celles de ces malheureux et nombreux concurrents plus méridionaux, force est de constater que l’auto-légende de la Préhistoire en France distribue les places avec parcimonie et surtout en ordre dispersé. De Lartet à Mortillet, pour faire vite, longtemps la « classification » des temps préhistoriques a formé le critère discriminant pour attribuer de manière rétroactive un jeton de présence à un cercle de savants « premiers », plutôt que « pionniers », mêlant par nécessité les amateurs aux professionnels. Leur seul point commun : être nés au cours des années 1800-1830, c’est-à-dire avoir été plus ou moins jeunes adultes au moment de la reconnaissance de l’homme antédiluvien à la charnière des années 1850 et 1860. 
Géologue et paléontologue en premier lieu, Édouard Piette est généralement situé au marge de ce groupe des « primitifs » de la Préhistoire. Et pourtant : il fut, en juriste et juge de paix, assurément le premier à administrer la preuve archéologique à partir d’une confrontation systématique entre l’expérience du terrain et la classification a posteriori en cabinet – ou laboratoire – de séries d’objets contextualisées. Toutefois, la mémoire savante de Piette, du fait sans aucun doute de sa généreuse donation à l’État en 1904, a sans cesse été recouverte par ce geste de collectionneur, tout à la fois compulsif et pointilleux. Ainsi placé au zénith des collections du Musée des Antiquités nationales, et bien au-delà, ce don a condamné Piette au registre des amateurs romantiques, « pionniers » certes, mais non scientifiques. A la suite des efforts déployés par Henri Delporte dans un essai éponyme (Piette, pionnier de la Préhistoire) publié en 1987, cette intervention souhaiterait revenir, à partir des archives dispersées, mais fort abondantes, des fouilles de Piette, sur la créativité expérimentale de son approche du terrain. De Gourdan à Arudy, du Mas d’Azil à Brassempouy, Piette a pu offrir, sans le savoir bien entendu, la possibilité de véritables et fructueuses reprises de fouilles contemporaines, en particulier au cours des quarante dernières années. Ces opérations à double fond forment autant de revisites – ou de résurrections – d’une possible archéologie de l’archéologie des pionniers de le Préhistoire. 

Réservation
 

Conférence 8 août
La reconnaissance de l’art pariétal. Les congressistes Afas à La Mouthe, 14 août 1902 ; © Ministère de la Culture, Centre national de préhistoire.
  • MARDI 8 AOÛT 2023 à 21h30 | Musée national de Préhistoire

1902. La grande mutation de la préhistoire française

par Noël Coye, Conservateur en chef du Patrimoine, Ministère de la Culture, Centre national de Préhistoire

Au milieu du XIXe siècle, la préhistoire s’affirme comme un domaine de recherche indépendant et lutte pour se faire une place dans la cité scientifique. Issue de traditions savantes très diverses, parfois contradictoires, elle s’unifie dans les années 1870 autour de la théorie de l’évolution. Elle se développe alors dans les principaux pays d’Europe en marge du monde académique.
À la charnière des XIXe et XXe siècles, une nouvelle conception de la préhistoire se développe progressivement à la faveur d’un changement de génération parmi les préhistoriens. Emportée par le mouvement général qui affecte alors les sciences de l’homme, la préhistoire opère une triple révolution du point de vue de ses idées, de ses pratiques et de ses institutions. Mais quel est le sens de cette mutation ? Quel est son impact au quotidien sur les amateurs qui constituent encore – et pour longtemps – le gros de la troupe des préhistoriens. Ce bond en avant n’est-il pas aussi par bien des aspects un retour aux sources ?

Réservation

Inscription obligatoire (accès possible jusqu'à la dernière minute sous réserve de places disponibles) : 

Conférences au Musée national de Préhistoire : via la plateforme affluences.com

Exceptionnellement, les 1er et 8 août, entre 18h30 et 21h, le public pourra accéder aux terrasses et aux premières salles du château. Des « visites Flash » seront également proposées.

 

Tous publics
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