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© Pointe solutréenne de la grotte de Caldeirão © Joao Zilhao

Pleine lumière sur les artistes paléolithiques de la vallée du Côa

Le 25 octobre 2024
18:30 - 20:00

Par João Zilhao, Professeur, Université de Lisbonne, UNIARQ - Centro de Arqueologia da Universidade de Lisboa

 

Le Solutréen est une période du Paléolithique Supérieur qui coïncide dans le temps avec le maximum du Dernier Glaciaire, quand le climat fut le plus rigoureux. En France, où la période fut premièrement reconnue et définie — sur la base de ses belles et caractéristiques pointes en silex — on associe donc le Solutréen avec la toundra, le mammouth, le rhinocéros laineux, le bison et le renne. Dans le Sud-Ouest ibérique il en était tout autrement. En façade atlantique, le climat était humide, favorisant le développement de glaciations dans la haute montagne, et l’exposition aux forts vents de l’ouest et aux eaux refroidies par les icebergs favorisa le développement de vastes champs de dunes qui couvraient une plateforme continentale qui s’étendait jusqu’à 40 km au-delà de la côte actuelle. Entre mer et montagne, il y avait un paysage de type « écossais » : des landes très ouvertes avec peuplements épars de pin sylvestre et des forêts galerie de type tempéré le long des lignes d’eau, où rôdaient librement cerfs, chevaux, aurochs et, dans les zones escarpées, bouquetins et chamois. Grace à sa latitude plus méridionale, la capacité porteuse de cet environnement riche en herbivores et en ressources végétales était bien plus haute et la densité de population elle aussi bien plus haute qu’ailleurs dans le monde solutréen tandis que, à l’inverse, les territoires de subsistance auront été bien plus réduits. Ce panorama implique des groupes unis par des réseaux d’interaction sociale très intense, expliquant pourquoi on assiste à ce moment-là à une explosion de l’art rupestre, comme suggéré par la vallée de la Côa, où la plupart des milliers de gravures au grand air qui décorent ses roches datent de cette époque. Bien qu’avec idiosyncrasies et particularismes, cet art, et bien aussi l’outillage en silex qui y est associé, témoignent aussi de réseaux de contact à longue distance, dont l’existence est par ailleurs matériellement démontrée par les études de provenance des matières-premières utilisées. C’est l’existence de tels réseaux qui permet de comprendre les parallélismes stylistiques et les synchronismes de phasage qui, entre Rhône et Tage, nous permettent d’interpréter le Solutreéen comme une culture archéologique, ou technocomplexe « unitaire ».

Réservation

Réservation obligatoire via Affluences.

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